Dans le cadre de la Biennale international de l’affiche au Mexique.

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Il y a quelques années, alors que je m’apprêtais à faire une demande de subvention en lien avec l’affiche sociale engagée, on m’a demandé pourquoi l’affiche est dépassée et vouée à disparaître. Ce bref épisode m’a fait prendre davantage conscience du déclin de l’affiche traditionnelle, imprimée sans artifice, au profit des multiples moyens de communication et diffusions numériques. Toutefois, ma passion pour les supports papier et mon intuition me laissent croire que malgré toute cette surcharge technologique, l’affiche aura toujours sa place et demeurera un moyen de communication très efficace. Peut-être parce que les médias numériques prolifèrent sans cesse dans la vie quotidienne des gens (travail à l’ordinateur toute la journée, sans cesse en train d’écrire et de répondre aux courriels, texter, téléphoner, Facebook, Twitter, etc.). C’est en quelque sorte de l’information volatile, toujours en mouvement, qui nous envahit et se perd facilement. L’affiche traditionnelle a l’avantage d’être fixe : elle demande un court ou long temps d’arrêt et une certaine contemplation, ce qui contraste avec ce mouvement perpétuel engendré par la multitude de médias numériques.

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Afin de valider mon intuition, j’ai communiqué avec Hélène Bilodeau, présidente depuis plusieurs années de la compagnie Affiche tout à Québec. Elle m’a confirmé que depuis quelques années, on observe un regain pour l’affiche imprimée tant culturelle que commerciale. Ses clients(es) qui avaient délaissé l’affiche y reviennent et ceux et celles qui ne l’utilisaient pas auparavant comme moyen de communication l’adoptent. Elle précise qu’elle ne rencontre pas trop de difficulté en ce qui a trait à la disponibilité des lieux d’affichage, même que les commerces communiquent avec elle pour offrir leurs espaces. On observe également un engouement pour les affiches, qu’elle qualifie de monstre, au grand format de 4 x 6 pieds et réservées aux palissades de construction (affichage sauvage). Sans prétendre que ces observations soient scientifiquement recevables, je trouve tout de même intéressant de constater que malgré la diversité des véhicules de communication dont on dispose aujourd’hui, l’affiche traditionnelle semble garder ou à tout le moins, reprendre la place qu’elle a occupée pendant longtemps.

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Malgré tout, l’évolution technologique fait en sorte que les designers graphiques ne cessent d’adapter et de faire évoluer les médias imprimés. On le constate pour l’affiche à travers différents supports et médiums tel que les panneaux rétroéclairés et/ou interactifs des abris d’autobus, bannières de toutes sortes, etc. Nous sommes peut-être en train de redéfinir ce qu’est l’affiche ou de nous interroger. Peut-on encore appeler cela des affiches ? L’appellation affiche est-elle toujours adéquate ?

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Malgré mon attachement au média imprimé, je suis enchantée de cette évolution. Tout en valorisant l’affiche traditionnelle, j’encourage par ailleurs mes étudiants à pousser les limites de l’affiche, à la redéfinir, à réfléchir aux divers supports et à l’influence de leur contexte de présentation et d’affichage. Il est peut-être trop tôt pour relever les impacts de ces affiches évolutives, mais on peut constater que jusqu’à maintenant, une affiche traditionnelle comportant un impact visuel important, attribué notamment à l’intérêt de son contenu, son style graphique, son esthétique et son efficacité communicationnelle, peut jouir d’une certaine notoriété et même se retrouver dans les musées et être archivée. Dans son mémoire de maîtrise, Maude Bouchard présente clairement les spécificités particulières qui illustrent l’importance de l’affiche.

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«L’affiche fait partie de l’histoire, illustrant les grands événements qui ont ponctué les années, symbole d’un peuple et de sa culture.»

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«L’affiche, avec le temps, n’a rien perdu de son actualité et fait toujours partie de notre quotidien, sa formidable évolution à travers les époques et les styles, passant de l’avis placardé à la publicité illustrative, à l’affiche de propagande, à l’affiche d’auteur et expérimentale, lui donne une richesse historique inestimable.» (Bouchard 2007: p.16, 110)

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Il n’y a aucun doute que l’affiche a un impact et une influence importante sur notre société : elle informe, éduque, peut être persuasive et mener à des prises de conscience et à des changements de comportements. Elle peut être un véhicule d’expression libre et engagée. De plus, en raison de sa présence constante au fil du temps, de son importance sociétale, des variations thématiques, conceptuelles et formelles qui la constituent et la caractérisent, l’affiche est un chef de file lorsqu’il s’agit de démontrer ou illustrer les fondements, l’histoire ou l’évolution du design graphique dans ses divers styles.

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Je tiens également à souligner la valeur de l’apprentissage acquis par l’étudiant lorsqu’il doit concevoir une affiche. Non seulement cette expérience enrichissante parfait sa culture et sollicite son engagement face à une thématique, mais elle lui donne les outils nécessaires pour entreprendre n’importe quel projet en design graphique. Pour un designer graphique professionnel, concevoir une affiche est un privilège et représente un des défis les plus intéressants à relever tant au niveau de l’idéation que de l’exploration visuelle.

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Bouchard, Maude. (2007). L’affiche comme mode d’expression d’un graphisme d’auteur à portée sociale. (Mémoire de maîtrise, Université Laval) Document électronique http://www.theses.ulaval.ca/2007/24581/

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